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Historique du Maître Fondateur 

Nguyễn Lộc 

(1912-1960)

La jeunesse et la période embryonnaire (1912-1939)

 

 

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Maître Fondateur Nguyễn Lộc (1912-1960)

            Monsieur Nguyễn Lộc est né le 24 mai 1912 [[5]] dans le village de Huu Bang, district de Thach That, province de Son Tay [[6]], au Nord du Vietnam. Fils de Monsieur Nguyễn Đình Xuyến et de Madame Nguyễn Thị Hoà. Il est l'aîné d'une famille de cinq frères et sœurs, trois garçons et deux filles [[7]]. Pour des raisons économiques, sa famille déménage ensuite à Hanoï, capitale du Vietnam. 

            Maître Nguyễn Lộc grandit dans un pays dans lequel sa souveraineté a perdue depuis 50 ans, et à un moment où les tensions sociales ont atteint au plus haut [[8]]. D’un côté les révolutionnaires incitent la population et en particulier les jeunes à des actions violentes contre l’impérialisme français. De l'autre, les colonialistes français utilisent toutes les ruses et manœuvres pour réprimer, terroriser ou encore endormir la population par des courants mondains, romantiques et dévergondés afin éviter que les patriotes vietnamiens ne disposent de soutien dans la population pour d’étendre la révolution contre la puissance dominatrice.           

            Devant cette situation, maître Nguyễn Lộc a pris conscience de ces courants opposés qui tiraillent le pays ; il cherche une autre voie dans le but de surpasser les deux tendances et de développer une nouvelle orientation, qui pourrait conduire les jeunes vietnamiens vers une voie plus pacifique et plus noble. 

D'un côté, maître Nguyễn Lộc condamne avec fermeté la politique colonialiste et de l'autre, il désapprouve les méthodes violentes préconisées par les révolutionnaires de l'époque. 

Selon lui, l'homme doit être au centre de toute réflexion. Il prône la révolution du corps et de l’esprit pour guide la jeunesse sur trois plans : l’Esprit, le Corps et la Voie. Il considère le fait d'être humain est une bonne chose, mais devenir l'Homme Vrai [[9]] est encore plus noble. 

L’humanisme du Vovinam 

            Pour lui, l'Homme Vrai doit être : indépendant, ouvert au dialogue, pacifique, énergique, courageux, tolérant, généreux, pur, respectueux, déterminé, cultivé, fort, utile et avoir de l’honneur [[10]]. Il se doit aussi de cultiver un corps robuste, solide, résistant et tenace pour se défendre et pour être utile à la société. 

            Avec ces valeurs universelles, il veut d’une part, guider les jeunes à échapper à l'intoxication du régime colonialiste, d’autre part, réveiller ceux qui se sont engagés dans la voie révolutionnaire violente et ainsi éviter des tueries et la haine. 

            Maître Nguyễn Lộc pense la société humaine est durable, alors que le régime colonialiste ou les violences révolutionnaires ne sont que temporaires. Il ne veut pas que les générations futures subissent les conséquences d’une politique d'intoxication ou de violence. Ainsi, son souhait est de laisser au peuple vietnamien et à l'humanité un modèle de vie, une méthode permettant de se perfectionner par l’art de cultiver son corps et son esprit avec un système d'art martial moderne, inspiré de la tradition des arts martiaux vietnamiens plusieurs fois millénaires. 

Naissance de l'art martial Vovinam 

Nourri par cette grande aspiration, outre se perfectionner de la culture et de la vertu, il s’efforce d'étudier et de s'entraîner à la plupart des arts martiaux vietnamiens. Grâce à sa force physique hors du commun et à son grand talent, il progresse de manière exceptionnelle. Il voyage abondamment, visitant toutes les salles d’entraînement et s'entretenant avec les anciens officiers de l'armée impériale (Quan Võ) ainsi qu’avec les grands maîtres de renom dans le milieu des arts martiaux vietnamiens. Son but était d’enrichir ses connaissances dans les arts martiaux.           

            Il a longuement étudié et travaillé sur des aspects tels que : les spécialités, les caractéristiques, les avantages et les défauts de toutes les disciplines martiales. Il a ainsi remarqué que chaque art martial possède des avantages et des inconvénients et si on ne pratiquait qu'une seule discipline, on n’obtiendrait pas rapidement les résultats souhaités. De plus, pour atteindre un bon niveau [[11]], le pratiquant doit s'engager dans la durée, soit environ plus de 10 ans. Il faut donc trouver une nouvelle méthode d’entraînement afin d'atteindre le bon niveau dans un délai raisonnable. 

            Pour y arriver, il commence par codifier sa méthode d'apprentissage en prenant la lutte traditionnelle et les arts martiaux vietnamiens comme fondement ; puis il compare et sélectionne les avantages et les points forts de chaque discipline pour donner naissance, en 1938, à une nouvelle discipline qu’il nomme le Vovinam [[12]].           

            Il décide ensuite d'expérimenter sa méthode en entraînant en secret [[13]] certains de ses proches du même âge [[14]]. Pendant cette période expérimentale et d’après le témoignage de Monsieur Nguyễn Đăng Hiển [[15]], l'un de ses premiers élèves, maître Nguyễn Lộc accorde beaucoup d'importance aux techniques de base telles que : les positions (Tấn), les coups de poing (Đấm), les coups de pied (Đá), les tranchants de la main (Chém), les parades (Gạt), les coudes (Chỏ), les genoux (Gối) etc. Il ajoute également un système pragmatique de techniques de clés et de dégagements (Khoá Gỡ), de techniques de lutte traditionnelle (Vật), de techniques de ciseaux (Đòn Chân) et surtout de techniques d’entraînement avec un partenaire (Song Luyện). Après une année expérimentale réussie, qui dépasse ses prévisions, il prend la décision de présenter le Vovinam au public en automne 1939, lors d'une démonstration au Grand Théâtre de Hanoï, Vietnam.

La période de création (1939-1945) 

            A l'automne 1939, maître Nguyễn Lộc emmène ses premiers élèves [cf. annexe 1] au Grand Théâtre de Hanoï [cf. annexe 2] pour effectuer la 1ère démonstration de l'histoire du Vovinam-Viet Vo Dao. Par cette démonstration, il veut ainsi mesurer l'accueil de la population et évaluer les valeurs martiales qu'il a étudiées durant des années. Parmi les élèves qui ont participé à cette démonstration historique, figurent mademoiselle Nguyễn Thị Minh [cf. annexe 3], Monsieur Tạ Quang Bửu (cf. note 14) et Monsieur Nguyễn Đăng Hiển (cf. note 15) [[16]].

 

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Le Grand Théâtre de Hanoï

Source : Jean Noury, l'Indochine en cartes postales, 1992 - Photo prise vers 1900

                 

            Après cette démonstration, le Vovinam est chaleureusement acclamé par tous les milieux d'arts martiaux [[17]] et sportifs vietnamiens, devenant ainsi le flambeau éclatant des arts martiaux nationaux pour la jeunesse de Hanoï. En effet pendant plus de 55 ans (1884-1939), le gouvernement colonialiste français avait interdit toutes les activités d'arts martiaux au Vietnam ; maître Nguyễn Lộc est la première personne qui a redonné vie aux arts martiaux nationaux, lançant ainsi un appel réveillant les consciences vietnamiennes plongées dans un sommeil profond depuis un demi-siècle. 

            Il redonne ainsi la confiance et la fierté aux jeunes hésitant encore entre les courants romantiques et les idées haineuses. 

Les premiers cours de Vovinam 

L'affection et l'estime de la population de Hanoï pour le Vovinam est une grande surprise pour les autorités colonialistes, Monsieur Maurice Ducoroy [[18]], Commissaire général de la Jeunesse et des Sports en Indochine. Par l'intermédiaire du docteur Đặng Vũ Hỷ [[19]], président de l'Association sportive de Hanoï, Monsieur Maurice Ducoroy invite maître Nguyễn Lộc à enseigner le Vovinam. 

Maître Nguyễn Lộc accepte et commence officiellement à enseigner le Vovinam en 1940 à l'école Normale, rue Do Huu Vi, Hanoï. 

          Puis, s'en suivit l'ouverture de plusieurs clubs de Vovinam, accueillant de nombreux jeunes issus de tous les milieux sociaux tels que : lycéens, étudiants, employés, ouvriers. On découvre alors dans le Vovinam, non seulement des techniques efficaces, mais aussi une conduite de vie et l'esprit de l'Homme Vrai en harmonie avec les valeurs des arts martiaux traditionnels du Vietnam. 

            A partir de ce moment, les noms du Vovinam ainsi que de maître Nguyễn Lộc deviennent connus au sein de la population de Hanoï. Le Vovinam devient un art martial populaire, enseigné dans toute la capitale et dans tous les milieux sociaux.

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Photo 3 : Hanoï, 1948

G/D : Trần Đức Hợp, Nguyễn Cao Hách, Phan Dương Bình, Nguyễn Lộc, Bùi Thiện Nghĩa, Nguyễn Dần

            Durant cette période, le maître fondateur forme de nombreux élèves dont certains deviendront par la suite des maîtres de renom comme : Phan Dương Bình, Lê Sáng, Trần Đức Hợp, Nguyễn Dần, Lê Văn Phúc, Nguyễn Văn Thông, Lê Trọng Hiệp, Hà Trọng Thịnh [[20]]. D’autres deviendront les personnalités historiques du Vovinam comme messieurs Nguyễn Mỹ, Nguyễn Khải, Nguyễn Đăng Hiển, Nguyễn Bích, Nguyễn Đình Lan, Đỗ Đình Bách, Đặng Bỉnh, Đặng Văn Bảy, Trịnh Cự Quý, Đỗ Khánh, Vũ Văn Thức, Nguyễn Đôn, Nguyễn Nhân, Lê Như Hàm, Lê Đình Nhâm, Nguyễn Cao Hách, etc. 

La période où le Vietnam retrouve son indépendance 

Le 9 mars 1945, l'armée japonaise renverse le pouvoir colonialiste français en Indochine, arrête le gouverneur colonial de l'Indochine française, le vice-amiral d'escadre Jean Decoux [[21]] et rendre son indépendance au Vietnam. Le surlendemain, 11 mars 1945, l’empereur Bảo Đại [[22]] proclame l'indépendance, abolit tous les traités signés avec la France depuis 1884 et met fin à 83 ans de domination française. 

Ce brusque changement laisse le pays dans le chaos et le désordre. En effet, la plupart des institutions jusqu’alors gérées par les Français : l'économie, la politique, l'armée, la police, l'éducation, l'administration, etc., se retrouvent sans commandement. Le premier gouvernement indépendant - le gouvernement Trần Trọng Kim [[23]] - ne dure que 4 mois. C’est la raison pour laquelle toutes les personnalités connues et compétentes sont invitées à entrer au gouvernement. Maître Nguyễn Lộc, avec son prestige de fondateur d'un grand mouvement à Hanoï, est invité à y entrer. Cependant, il refuse formellement l’offre, car pour lui, le Vovinam n’est pas un parti politique et n'a donc pas vocation à s'engager dans la politique pour imposer ses idées. Maître Nguyễn Lộc laisse néanmoins ses pratiquants libres de participer à la vie politique, le Vovinam ne portant pas atteinte à la liberté de ses pratiquants. 

Le Vovinam et les actions sociales et caritatives 

En revanche, le Vovinam œuvre pour la société. Ainsi lorsque la situation le réclame, le Vovinam participe et apporter son concours aux pouvoirs politiques pour effectuer des actions sociales, caritatives et humanitaires dans un esprit d'altruisme et non lucratif. 

Animé par cette vision, maître Nguyễn Lộc, tout en refusant l’offre d’entrer dans le gouvernement, accepte en revanche de l’aider dans les actions sociales et caritatives. 

Pendant cette période transitoire, les pratiquants du Vovinam sont enthousiastes et assurent la sécurité dans les quartiers intra et extra-muros de Hanoï. En outre, maître Nguyễn Lộc collabore avec d'autres collectivités [[24]] pour organiser les fêtes nationales, telles que la commémoration des rois Hùng Vương [[25]], les deux sœurs Trưng [[26]] mais surtout des actions humanitaires dans le cadre du programme d'aide suite à la terrible famine de 1945 qui a ravagé le Nord du Vietnam et tué environ deux millions de personnes. 

Le Vovinam et la guerre franco-vietnamienne 

En 1946, la guerre franco-vietnamienne [[27]] éclate officiellement lorsque le général Philippe Leclerc de Hauteclocque (1902-1947), commandant en chef du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient rentré à Hanoï, reprend progressivement le contrôle de l’Indochine (Laos, Cambot et Vietnam). Les Vietminh sont entrés en guérilla, toutes les ressources humaines et tous les moyens sont monopolisés pour cette guerre. La plupart des pratiquants du Vovinam sont engagés dans la résistance ce qui entraîne une grande dispersion. Tous les cours d'arts martiaux et les promotions issues des années 1939 à 1946 sont suspendus. 

Cependant, Maître Phan Dương Bình, un des meilleurs disciples du Maître Nguyễn Lộc, le plus actif dans ces moments difficiles, était resté pour l’assister dans les cours de Vovinam dispensés à Phố Hàng Trống et à l’école Hàng Than qui avaient connu une grande affluence de pratiquants. Maître Lê Văn Phúc [[28]] fait partie de ces promotions. 

En 1951, maître Nguyễn Lộc et un certain nombre personnalités créent l'association des experts d'Arts Martiaux Vietnamiens (Việt Nam Võ Sĩ Đoàn), ce qui relance le mouvement Vovinam avec des entraînements de masse à l'école Hang Than, Hanoï. Toutefois, en 1954, la guerre franco-vietnamienne arrivant dans une phase cruciale, maître Nguyễn Lộc doit à nouveau suspendre toutes ses activités. L’armée française est vaincue à Dien Bien Phu. Le gouvernement français signe le traité de paix à Genève ; le Vietnam est alors séparé en deux : le Nord dirigé par Hồ Chí Minh, qui établit le régime communiste ; le Sud est gouverné par Bảo Đại sous un régime Républicain monarchique. 

Le Vovinam au Vietnam du Sud (1954-1960) 

En août 1954, en raison du partage Nord-Sud du Vietnam maître Nguyễn Lộc et sa famille décident d’immigrer au Sud, à Saigon, avec les disciples les plus proches, notamment, Phan Dương Bình, Nguyễn Dần et Trần Đức Hợp. Dans le même temps, d'autres disciples de Hanoï immigrent eux aussi à Saigon comme Lê Sáng, Bùi Thiện Nghĩa, Hà Trọng Thịnh, Nguyễn Văn Thông, Lê Trọng Hiệp, Lê Văn Phúc, etc. 

La première salle d’entraînement de Vovinam inaugurée au Sud Vietnam se situe au 51 rue Frères Louis, Saigon [[29]]. Par la suite, elle déménage rue Aviateur Garot, appelée club de Thu Khoa Huan [[30]]. Ce club est la plus importante salle d’entraînement de Vovinam de maître Nguyễn Lộc. Les pratiquants se comptent par centaine, la plupart des maîtres de renom est issue de ce lieu. 

Par ailleurs, le Vovinam est invité par l'autorité de la République du Sud à enseigner à École des Officiers de la Gendarmerie Nationale de Thu Duc [[31]] et à un certain nombre d'unités du régiment du génie de l’armée [[32]]. Malheureusement, après une courte période d'activité dans le Sud (3 ans, de 1954 à 1957), maître Nguyễn Lộc tombe malade et ne parvient pas à concrétiser ses aspirations. Cependant, il laisse aux générations suivantes une précieuse culture d'arts martiaux et une génération de jeunes bien formés, pleins d'idéaux, capables de lui succéder et continuer d’élargir la voie qu'il a tracée : bâtir le Vovinam-Viet Vo Dao pour la nation et pour l'humanité. Parmi les pratiquants formés pendant cette période, il y a : Trần Huy Phong, Phạm Hữu Độ, Nguyễn Văn Thư, Ngô Hữu Liễn, Trần Thế Phượng, Nguyễn Văn Nuôi (alias Phúc) et Nguyễn Gia Tuấn.

 

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Photo 1955

Maître Nguyễn Lộc enseigne à l'École Nationale de la Gendarmerie du Vietnam 


Par la suite, le club Thu Khoa Huan est transféré au rue Nguyen Khac Nhu (1er District, Saigon). Quelque temps plus tard, en 1957, la santé de maître Nguyễn Lộc se dégrade subitement. Il arrête l’enseignement pour s'installer au Building Everest [[33]] afin d'étudier les arts martiaux et élaborer un système philosophique pour le Vovinam. Il autorise ses disciples à ouvrir d’autres salles d’entraînement, tandis que lui se retire comme conseiller.
 

Son comportement et sa méthode d'enseignement 

Maître Nguyễn Lộc est une personne très sérieuse, ouverte et désintéressée. Il préconise de se perfectionner dans tous les domaines, de la connaissance, de la culture, de la civilisation, de développer un comportement vertueux, de refuser toute corruption, de ne pas obéir aveuglément à la hiérarchie des normes issues de la culture confucianiste [[34]]. 

En effet, il demande à ses disciples de l'appeler "grand frère" [[35]], d'être sincères, sérieux, accessibles, généreux, audacieux, travailleurs, courageux, dignes d'un homme pratiquant des arts martiaux. 

Il refuse que ces disciples lui adressent des marques de supériorité comme l’appeler "Vénérable Maître", comme cela se faisait dans la plupart des écoles d’arts martiaux de l’époque, ou bien qu’ils lui fassent des courbettes, se prosternent et lui obéissent aveuglement. Dans son idée, il a fondé le Vovinam pour former une génération de jeunes courageux, fiers et utiles à la société, c'est pourquoi il considère ses élèves comme ses compagnons.

 

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Photo 1955

Devant l'École Nationale de la Gendarmerie du Vietnam – de gauche à droite

Nguyễn Văn Thông, Trần Đức Hợp, Lê Sáng, Nguyễn Lộc, Bùi Thiện Nghĩa, Nguyễn Cao Hách, Nguyễn Dần 

Cet esprit moderne est visible sur la plupart de photos, où l'on voit souvent maître Nguyễn Lộc en tenue de ville, chemise et cravate. Ses élèves le saluant debout, se tenant droit et le regardant en face. Cet esprit moderne a fait du Vovinam-Viet Vo Dao un art martial de masse, de culture physique et de sport populaire, ouvert à tous les milieux sociaux. Le Vovinam n'a rien à cacher, n’est ni mystérieux, ni sélectif, ni réservé à une minorité comme dans la plupart des écoles d'arts martiaux de l’époque. C’est grâce à cet esprit que le Vovinam n’a pas régressé face aux guerres et aux interdictions [[36]] ; au contraire, de nos jours, il est devenu un art martial mondial et d'envergure. 

Sur le plan organisationnel, maître Nguyễn Lộc n'est pas obnubilé par la hiérarchie, ni par une gestion complexe. Il préfère la simplicité et privilégie des actions efficaces afin d'atteindre facilement l’objectif. Par conséquent, pendant toute la période d'édification de 1938 à 1960, le Vovinam n'a pas de patriarche. Maître Lộc se contente d’être reconnu comme maître fondateur. 

Bien qu’ayant fondé le Vovinam par des efforts personnels, il persiste à considérer que cette œuvre doit être dédiée à la nation et à l'humanité, conformément à l'idéal qu'il poursuivait. Selon ses souhaits, le Vovinam ne doit pas être considéré comme son œuvre personnelle ou celle de sa famille, mais comme un héritage de la culture des arts martiaux vietnamiens, une œuvre collective à laquelle tous les maîtres et pratiquants ont le droit de contribuer et poursuivre comme dans une grande famille. 

Sa façon d’enseigner est très minutieuse ; il s'occupe de chaque pratiquant en fonction de leurs aptitudes techniques et niveaux culturels. Lui seul peut enseigner les nouvelles techniques, ses assistants ont le devoir de les faire réviser en son absence. Plus tard, cette méthode deviendra "la méthode d’enseignement du Vovinam-Viet Vo Dao", une "méthode non codifié", mais que tous les maîtres appliquent et ce, jusqu'à nos jours. 

Quant aux disciples ayant un bon niveau culturel et une aptitude au management, il les forme plus particulièrement dans les domaines sociaux, politiques, psychologiques et de gestion. Il encourage souvent les élèves à participer aux activités collectives en dehors des cours d'arts martiaux. Grâce à son éducation, la plupart des maîtres formés ont des compétences aussi bien sur le plan technique que culturel et obtiennent souvent une bonne position dans la société. 

Ses disciples ouvrir des salles d’entraînement 

Pendant trois ans, entre 1957 et 1960, lorsque maître Nguyễn Lộc commence à être fatigué, il se retire des activités du Vovinam et déménage chez son jeune frère Nguyễn Hải au Building Everest pour se reposer. Il autorise ses disciples Lê Sáng, Trần Huy Phong, Nguyễn Gia Tuấn, Nguyễn Văn Nuôi (alias Phúc) et Nguyễn Văn Thư à créer le centre d’entraînement central du Vovinam, dont le siège est installé avenue Tran Hung Dao, 5ème District de Saigon et les succursales situées rue Tran Khanh Du, rue Su Van Hanh et rue Phan Dinh Phung. A cette époque, maître Lê Sáng, étant le plus âgé et ayant le plus d’ancienneté, est appelé Maître Aîné (võ sư trưởng) [[37]]. 

Le décès de maître Nguyễn Lộc 

Maître Nguyễn Lộc est décédé le 29 avril 1960 [[38]] à Saigon. Il est inhumé dans le cimetière de Mac Dinh Chi [[39]]. Il laisse neuf enfants, trois garçons et six filles. Il n’a vécu que 48 ans mais a laissé à l’humanité une œuvre extraordinaire : le Vovinam-Viet Vo Dao. 

Lorsqu'il nous a quitté, ses travaux n’étaient sans doute pas encore terminés mais ses successeurs ont pu réaliser ses vœux et atteindre l’objectif dont il avait tant rêvé, soit de populariser le Vovinam-Viet Vo Dao avec comme idéal, "Être Fort Pour Être Utile" et "être l’Homme Vrai". 

Aujourd'hui, le Vovinam-Viet Vo Dao est devenu l'un des symboles de la culture vietnamienne, largement répandu à travers le monde, sans distinction d'appartenance ethnique, de pays, de religion ou d'opinion politique. 

La majorité des vœux du maître Fondateur ont été réalisés entre 1960 et 1975 par ses disciples, qui continuent l’édification d’une œuvre qu'ils considèrent toujours comme inachevée. 

L'éloge funèbre de maître Nguyễn Lộc 

Lu par Maître Aîné Lê Sáng

Lors de cérémonie d'enterrement du fondateur Nguyễn Lộc au cimetière de Mac Dinh Chi, Saigon, avril 1960. 

Grand frère Nguyễn Lộc ! 

La vie, la mort, tout le monde doit passer par là, mais nous, comme tous les pratiquants du Vovinam, ne pensions pas que ce moment douloureux arriverait si tôt. 

Rappelle-toi de l’époque où le pays était encore sous le joug de l'esclavage [[40]]. Animé d’une passion débordante, tu as quitté tes amis insouciants pour t'engager personnellement dans une noble voie. 

Avec talent, tu as pu harmoniser la quintessence des arts martiaux anciens et modernes de l'Asie pour concevoir une discipline mise au service de la nation. 

Au fil des ans, tu as développé le fruit de ton invention en transmettant une force intense à la jeunesse pour une vie meilleure, confiante, fière et utile. 

Grâce à toi, la patrie est resplendissante ! 

Grâce à toi, la jeunesse n'est plus désorientée ! 

Ainsi, tu es devenu célèbre dans tout le pays, du Nord au Sud, à travers des millions de pratiquants. 

Sous la domination française, les colonialistes te craignaient. Ils ont tout essayé mais n'ont pas pu te corrompre. Sous la domination japonaise, les fascistes n’ont pas réussi à t’ébranler par de l'argent ou la gloire. Pendant toute la période où le pays était en mouvement, tu as donné au peuple l'arme la plus tranchante pour être confiant dans la lutte pour défendre notre chère patrie. Comme toujours, tu es resté en dehors de endoctrinement pour vivre indépendant, la tête haute, et avec un seul objectif : former des générations de jeunes en bonne santé physique et mentale. 

Pourquoi le destin est-il si capricieux pour t'emmener trop tôt, laissant à ceux qui restent beaucoup de regrets et d’affection 

Cher grand frère Nguyễn Lộc ! 

Émus au point de ne pouvoir te faire d'éloge funèbre, voici tes proches en sanglots qui n’arrêtent pas de pleurer, voilà tes élèves qui sont venus te dire adieu avec le cœur serré. 

Nous te pleurons en te remerciant des liens affectueux maître-élèves qui nous unissent ; nous te pleurons, en t’adressant notre profonde gratitude. Tu nous as considérés comme les membres de ta famille, tu nous as traités comme tes frères de sang. 

Aujourd’hui, tu n'es plus sur terre ; ton corps est parti, mais ton esprit reste encore, et restera pour toujours dans le cœur des générations futures et dans l'histoire. 

Toujours fidèles à notre idéal, nous nous engageons à suivre ton exemple, à être dignes de ta confiance et à poursuivre la voie de l'art martial Vovinam. 

Cher grand frère Nguyễn Lộc !     

De ton vivant, tu as glorifié notre pays. Ta mort signifie simplement que tu nous as transmis ta force, et maintenant c'est à notre tour de retransmettre cette énergie au peuple et aux générations futures. 

S'associant avec l'âme sacrée du pays, nous sommes convaincus que tu resteras toujours à nos côtés pour nous guider et nous rappeler de remplir notre devoir. 

Cher grand frère Nguyễn Lộc ! 

En ce moment réunis ici, nous nous inclinons devant ton cercueil pour te dire adieu et prions pour toi, pour que ton âme soit libre dans l'au-delà.

 

Source: Nội san – Trung tâm huấn luyện Vovinam, 1965

(Revue Interne – Centre de formation Vovinam, 1965, page 5).

 

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Annexe 1 : Les premiers pratiquants du Vovinam-Viet Vo Dao. 

Témoignage de maître Trần Nguyên Đạo

 

            En août 1993, j'ai été guidé par le grand maître Phan Dương Bình et maître patriarche Trần Huy Phong pour retrouver les étudiants et lycéens entraînés par maître Nguyễn Lộc entre 1938-1945, la période de création du Vovinam.

 

            Le vétéran Nguyễn Đăng Hiển est la première personne que j’ai rencontrée. Il m'a aidé à retrouver les quatre autres anciens élèves.

 

            Ces cinq personnes sont des personnages historiques du Vovinam-Viet Vo Dao, dont les noms sont évoqués dans :

 

-        Revue Interne - Centre de formation Vovinam, 1965, page 6 (Nội san – Trung tâm huấn luyện Vovinam, 1965). 

-       Introduction du Viet Vo Dao, édition Fédération de Formation Vovinam-VVĐ, 1969, page 23 (Việt Võ Đạo Nhập Môn, Tổng cục huấn luyện Vovinam-VVĐ, 1969). 

-       Mémoires du patriarche Lê Sáng, édition Copyrico, 2001, page 20, 23 (Hồi ký, Chưởng môn Vovinam Lê Sáng, 2001). 

-      Nguyễn Đăng Hiển, né en 1917, a pratiqué des 1938 aux premiers cours dispensés au domicile de maître Nguyễn Lộc, quartier Hang Than, Hanoï. 

-      Nguyễn Đình Lan, né en 1920, a pratiqué de 1940 à 1945 à l'École Normale. 

-      Nguyễn Mỹ, dentiste retraité, né en 1913, a pratiqué de 1940 à 1945 à l'École Normale. 

-      Nguyễn Khải, alias Phạm Cương, colonel retraité, né en 1921, a pratiqué de 1940 à 1946 avant de s'engager dans l'armée. 

-      Nguyễn Bích, retraité, né en 1925, a pratiqué en 1940. 

 

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Photo 9 : Hanoï, 1993

G/D : Phan Dương Bình, Trần Nguyên Đạo, Nguyễn Mỹ, Nguyễn Khải,

Nguyễn Đình Lan, Nguyển Đăng Hiển, Nguyễn Bích, Trần Huy Phong 


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Annexe 2 : La grande démonstration historique de 1939 

Témoignage de maître Trần Nguyên Đạo         

          Mon rêve d’enfant s’est réalisé le 31 juillet 1993 au Grand Théâtre de Hanoï, 54 ans après la première démonstration historique du maître fondateur Nguyễn Lộc en 1939. 

          A l’âge de 8 ans (1964), lorsque j’étudiais l'histoire du Vovinam-Viet Vo Dao, j’ai fait le vœu de suivre la trace du maître fondateur et réalisant à nouveau la démonstration historique de 1939 [[41]]. Ce vœu est exaucé 29 ans plus tard (1993), lorsque j’ai amené 40 pratiquants, enseignants et maîtres à Hanoï, sous le thème : "Remonter l'histoire et le rêve d'enfant", avec les maîtres venus de France étaient moi-même et Phi Long ainsi que les enseignants qui deviendront maîtres plus tard : Bloume Daniel, Ha Kim Chung, Guerrib Amar, Guerrib Mai, Crozon-Cazin Serge, Tran Antonella, Py Michel, et de nombreux pratiquants de Vovinam-Viet Vo Dao venus de Nha Trang, de Hanoï, de Saigon et de France.

 

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Photo 10 : Le 31 juillet 1993 au Grand Théâtre de Hanoï

La délégation française a renouvelé la démonstration historique de 1939 

         

          Dans le public venu assister à cette démonstration exceptionnelle se trouvent, l'Ambassadeur de France au Vietnam est présente ainsi que les maîtres du Vietnam comme : Trần Huy Phong, Phan Dương Bình, Trần Bản Quế, Ngô Kim Tuyền, Phạm Đình Tự, Trương Quang An, Nguyễn Bá Dương et Văn Chu Đồng.     

          Il y avait également des pratiquants entraînés par le maître fondateur Nguyễn Lộc dans les années 1938-1945 et qui avaient participé à la démonstration en 1939, parmi lesquels maître Phan Dương Bình et des vétérans Nguyễn Đình Lan, Nguyễn Mỹ, Nguyễn Khải, Nguyễn Bích et Nguyễn Đăng Hiển. 

Après la démonstration, ces anciens n’ont pas pu retenir leurs larmes. Le vétéran Nguyễn Đăng Hiển s'est exprimé ainsi : "… Autrefois, lors de la démonstration, sur la scène, il n'y avait que des pratiquants vietnamiens et les spectateurs étaient des invités de la haute société française. Aujourd'hui c'est le contraire, ce sont les pratiquants français qui font la démonstration de Vovinam-Viet Vo Dao sur scène, tandis que les hôtes de marque sont des vietnamiens, des anciens pratiquants comme nous. Comment pourrions-nous retenir notre émotion ?...". 

 

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Le 31 juillet 1993 au Grand Théâtre de Hanoï

La délégation française a renouvelé la démonstration historique de 1939

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 Annexe 3 : Mademoiselle Nguyễn Thị Minh 

La démonstration a été confirmée par Mademoiselle Nguyễn Thị Minh, qui est devenue plus tard madame Nguyễn Lộc, ainsi que par monsieur Nguyễn Đăng Hiển, de même que leur participation, il y avait une vingtaine de pratiquants, dont deux femmes, madame Nguyễn Lộc et madame Thái, épouse de monsieur Y, vivant actuellement tous les deux en Californie, États-Unis.

 

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Madame Nguyễn Lộc

Retour à Hanoï en 1999 à 70 ans 

Madame Nguyễn Thị Minh, est née le 1er septembre 1929, est la fille de monsieur Nguyễn Ngọc Hoán et de madame Bùi Thị Ngọ. Elle épouse maître Nguyễn Lộc en 1945 ; de cette union naissent neufs enfants:

 

Nguyễn Thị Thanh Phương,

Nguyễn Thị Thanh Mai,

Nguyễn Đạo,

Nguyễn Thị Thanh Ngà,

Nguyễn Chính (*),

Nguyễn Thị Thanh Phú

Nguyễn Thị Thanh Bình,

Nguyễn Thị Thanh Mỹ,

Nguyễn Quang. 

Domiciliée aux États Unis à partir de 1975, madame Nguyễn Lộc a participé régulièrement aux activités de la Fédération Mondiale de Vovinam-Viet Vo Dao. Elle est décèdé le 17 mai 2015 à Lancaster, Pennsylvanie, États-Unis. 

(*) : Maître Nguyễn Chính est le cinquième enfant de maître Nguyễn Lộc. Né le 19 août 1955, il a commencé l’apprentissage du Vovinam-Viet Vo Dao en 1974 au centre Hoa Lư à Saigon auprès du maître Khâu Thanh Danh [[42]]. 

 

 master NguyenChinh

Maître Nguyễn Chính 

Le 30 avril 1975, lors de la chute de la République du Sud Vietnam, maître Nguyễn Chính et sa famille prennent le chemin de l’exil vers les États-Unis d’Amérique ; ils embarquent sur le bateau Truong Xuan [[43]] grâce à l'aide du maître patriarche Trần Huy Phong.

 

Maître Nguyễn Chính participe activement encore aux activités du Vovinam-Viet Vo Dao à Houston, Texas. En 2000, à l'occasion du 4ème Congrès Mondial de Vovinam-Viet Vo Dao, il obtint la Ceinture noire 4ème Dang en soutenant son mémoire avec succès. Membre de la Fédération Mondiale de Vovinam-Viet Vo Dao et du Conseil Mondial des Maîtres, il a été élu Président du Vovinam-Viet Vo Dao du Texas pour le mandat 2000-2002.

 

Après les témoignages de :

-        Madame Nguyễn Lộc.

-        Grand maître Ngô Hữu Liễn.

-        Maître Nguyễn Chính.



[5] : Le 8 avril de l'année Nham Ty, (année du Rat), selon le calendrier lunaire.

[6] : Actuellement Ha Tay.

[7] : Les enfants de la famille de maître Nguyễn Lộc sont dans l'ordre suivant: (source : madame Nguyễn Lộc & maître Nguyễn Chính) :

  1. 1.Nguyễn Lộc,
  2. 2.Nguyễn Thị Kim Thái,
  3. 3.Nguyễn Văn Dần,
  4. 4.Nguyễn Quang Hải,
  5. 5.Nguyễn Thị Bích Hà.

[8] : Durant la période de 1912 à 1938, le Vietnam était encore sous la domination française, laquelle a duré plus de 80 ans (1862-1945). Il existait de très nombreux mouvements, organisations révolutionnaires et résistances contre le colonialisme français.

[9] : L'Homme dans le sens universel.

[10] : Plus tard, ces valeurs sont devenues les Codes d'Honneur des Maîtres d’où les 10 principes fondamentaux du Vovinam-Viet Vo Dao établis par le 1er Conseil des Maîtres du Vovinam-Viet Vo Dao en 1964, puis transformés en 9 principes fondamentaux internationaux par le 7ème Congrès Mondial du Vovinam-Viet Vo Dao en mai 2012 à Paris.

[11] : Bon niveau : niveau moyen, équivalence ceinture jaune ou noire de notre époque.

[12] : Nội san – Trung tâm huấn luyện Vovinam, 1965 (Revue Interne – Centre de formation Vovinam, 1965, page 4) et Việt Võ Đạo Nhập Môn, Tổng cục huấn luyện Vovinam-VVĐ, 1969 (Introduction au Viet Vo Dao, édition Fédération de Formation Vovinam-VVĐ, 1969, page 15 à 26).

[13] A époque les arts martiaux sont encore interdits par le gouvernement colonialiste.

[14] : Parmi les 1ers pratiquants figurent : Nguyễn Dần (jeune frère du maître fondateur), Nguyễn Đăng Hiển (cf. note 15), mademoiselle Nguyễn Thị Minh (cf. annexe 3) et Tạ Quang Bửu. 

Hồi ký, Chưởng môn Vovinam Lê Sáng, 2001 (Mémoires du patriarche Lê Sáng, édition Copyrico, 2001, page 17). 

(*) Monsieur Tạ Quang Bửu (1910-1986). Il représente la ligue Vietminh au moment de la signature des accords de Genève le 20 juillet 1954, qui séparent le Vietnam en deux parties. Les ministres des affaires étrangères : John Foster Dulles (États-Unis), Molotov (Union soviétique), Anthony Eden (Royaume Uni), George Bidaut (France), Chu En-lai (Chine populaire), sont également signataires de ces accords 

[15] : Le vétéran Nguyễn Đăng Hiển l'un des premiers élèves du maître fondateur, il participe dès 1938 lors des premiers cours dispensés au domicile de maître Nguyễn Lộc. (Source : après ses récits et les témoignages de madame Nguyễn Lộc, les maîtres Nguyễn Dần, Lê sáng, Phan Dương Bình et Trần Huy Phong).

[16] : D'après les témoignages de madame Nguyễn Lộc, des maîtres Nguyễn Dần, Lê sáng, Phan Dương Bình et Trần Huy Phong.

[17] : A partir de 1939/1940, le gouvernement colonialiste commence à assouplir sa politique concernant les arts martiaux, mais la plupart des maîtres doutent et méfiants, continuent à pratiquer dans la clandestinité.

[18] : Monsieur Maurice Ducoroy (1895-1960), commandant dans la marine, en service sur le croiseur Lamotte-Picquet, arrive au Vietnam en octobre 1939 ; il est placé sous l'autorité de l'Amiral Jean Decoux. Il est nommé en 1940 Directeur des Sports et de la Jeunesse en Indochine, puis le 15 décembre 1941, Commissariat général à l'éducation physique, aux sports et à la jeunesse en Indochine.

[19] : Le nom du docteur Đặng Vũ Hỷ a été évoqué plusieurs fois dans les textes historiques du Vovinam (cf. note 12). Il est l'un des dignitaires de l'éducation physique du gouvernement colonialiste français.

[20] : Ces maîtres sont Ceinture Blanche Suprême, membre du Conseil Suprême des Maîtres de la Fédération Mondiale de Vovinam-Viet Vo Dao.

[21] : Le vice-amiral d'escadre Jean Decoux (1884-1963, nommé Gouverneur général de l'Indochine française et Haut-commissaire de la France dans le Pacifique par le Maréchal Philippe Pétain, le 25 juin 1940.

[22] : L'Empereur Bảo Đại est le 13ème l'Empereur et le dernier de la dynastie des NGUYEN au Vietnam. Son nom de naissance est Nguyễn Phúc Vĩnh Thụy, né le 22 octobre 1913 à Huê (Vietnam), décédé 31 juillet 1997 à Paris.

[23] : Trần Trọng Kim (1883-1953) était un enseignant, un historien de renom et homme politique vietnamien.

[24] : Témoignage de monsieur Nghiêm Văn Thạch (1929-2016), ancien Vice-commissaire général des Scouts au Vietnam. En 1945, il est âgé de 16 ans, membre des scouts à Hanoï. Monsieur Nghiêm Văn Thạch confirme qu'il existe une collaboration entre l'Association du scoutisme au Tonkin et le Vovinam pour réaliser des actions sociales et caritatives.

[25] : C'est une dynastie de 17 rois entre 2888 av. J.-C. et 258 av. J.-C. Considérés comme les fondateurs du pays et célébré chaque l'année le dixième jour du troisième mois lunaire (au mois d'avril).

[26] : Les Sœurs Trưng (12 - 43 après J.C.) : Trưng Trắc et Trưng Nhị, sont deux personnages historiques qui se sont opposés contre le joug chinois au Viêt Nam. Elles sont vénérées au Viêt Nam comme des héroïnes nationales vietnamiennes, instigatrices du premier mouvement de résistance anti chinois, après 247 ans de domination. Beaucoup de temples leur sont dédiés et un jour de congé annuel est accordé en février pour commémorer leur disparition. Un district de Hanoï porte leur nom, tout comme de nombreuses rues et de nombreuses écoles à travers le pays.

[27] : Appelée aussi la guerre d’Indochine, c'est un conflit armé qui s’est déroulé de 1946 à 1954 entre la France et le Viêt Minh. Le conflit s’achève avec après la défaite de l'armée française à Dien Bien Phu et aboutit aux accords de Genève. La France (George Bidaut, ministre des affaires étrangères) les signé (20 juillet 1954) avec le Vietnam (Tạ Quang Bửu) et les ministres des affaires étrangères : John Foster Dulles (États-Unis), Molotov (Union Soviétique), Anthony Eden (Royaume Uni) et Chu En-lai (Chine Populaire). Ces accords partagent le Vietnam en deux États rivaux, ayant pour frontière le 17ème parallèle. Le Nord est gouverné par Hồ Chí Minh qui établit le régime communiste ; le Sud est gouverné par Bảo Đại sous un régime Républicain monarchique. La France renonce à ses intentions colonialistes et se retire d'Indochine. Cette guerre a fait plus de 500 000 victimes.

[28] : Témoignage du grand maître Lê Văn Phúc (1934-2020) : "…Un an après m'être renseigné et inscrit, je commence à apprendre réellement le Vovinam. C’était en 1951... Dans toute ma vie de pratique du Vovinam, je n’ai eu l’honneur d’être corrigé par maître Nguyễn Lộc qu’environ une dizaine de fois, mais chaque technique corrigée s’imprégnait au plus profond de moi-même. Les corrections sont très rapides, très fortes, très tranchantes et aussi très douloureuses. Et je ne peux que subir. En général, maître Nguyễn Lộc explique pour que nous travaillions par nous-mêmes. Parfois, maître Binh dispense les cours, pendant que maître Nguyễn Lộc nous observe. 

L’entraînement avec maître Binh est également très dur. A chaque faute technique, il nous corrige tout de suite de manière très énergique, une vraie correction pour ainsi dire. Comment pouvons-nous supporter ses coups de bottes écrasées sur nos petites poitrines ? Après l’entraînement, lorsque nous nous massons la poitrine, ses bottes ont laissé une belle trace rouge comme souvenir et nous ressentons une très forte douleur. Je n’ai toujours pas compris comment nous avons fait pour être encore plus motivés au lieu de tout abandonner…". 

Source : Maître Lê Văn Phúc, Hồi ký những ngày theo học võ sư sáng tổ, đặc san Vovinam-Việt Võ Đạo, 1971 (Maître Lê Văn Phúc Mémoire des jours de pratique avec le maître fondateur, revue spéciale du Vovinam-Viet Vo Dao, 1971, page 76). 

[29] : Cette salle du 52 rue Frères Louis, devient rue Vo Tanh, puis rue Nguyen Trai, près du carrefour Nga Sau Saigon.

[30] : Le club Thu Khoa Huan, rue Aviateur Garot, devient rue Thu Khoa Huan, une rue qui relie un côté du palais Doc Lap au marché de Ben Thanh, Saigon. Aujourd'hui cette salle n'existe plus, devenant l'hôtel Tan Hoang Ngoc, sis 52 rue Thu Khoa Huan, Saigon.

[31] : L'Académie militaire Thu Duc ou Thu Duc Martial Arts Inter-School, également connue sous le nom de Thu Duc Infantry School. Une école de formation d'officiers de l'armée de la République du Sud Vietnam

 

[32] : Régiment spécialisé de franchissement qui réalise la plupart des chantiers de type travaux publics, comme sur les théâtres d'opérations extérieures. Il est aussi un spécialiste reconnu des travaux de voies ferrées, de la production de matériaux, du traitement des sols et enduits superficiels. 

[33] : Building Everest, rue Dinh Cong Trang, actuellement n° 8 rue Nguyễn Văn Tráng, 1er District, Saigon. Dans les années 1957-1960, le maître Nguyễn Lộc vient ici se reposer en convalescence et y décède.

[34] : Est un classement hiérarchisé de l'ensemble des normes qui composent le système d'un État divin : Empereur, Maître, Père (Quân, Sư, Phụ) pour garantir la cohérence et maintenir la rigueur de la société. La culture confucianiste est fondée sur le principe qu'une norme doit être respectée à la lettre (aveuglement) et à mettre en œuvre comme les codes de la vie. A l'opposé, maître Nguyễn Lộc préconise l'évolution permanente : "…Vous devez changer vos méthodes de travail pour vous adapter à toutes situations, innover pour que le Vovinam soit plus scientifique, plus moderne. Si vous vous apercevez que mon enseignement n'est pas encore performant, votre devoir est de l’améliorer pour qu'il devienne meilleur. Si ma méthode présente quelques lacunes, n'hésitez pas à la compléter. Ce faisant, vos contributions sont bénéfiques pour que le Vovinam puisse devenir un art martial national…". Extrait du mémoire de grand maître Lê Văn Phúc: "Mémoire des jours de pratique avec le maître fondateur", revue spéciale du Vovinam-Viet Vo Dao, 1971, page 76, 77 (Hồi ký những ngày theo học võ sư sáng tổ, đặc san Vovinam-Việt Võ Đạo, 1971, trang 76, 77).

 

[35] : Cette façon d’appeler maître Nguyễn Lộc est confirmée par la quasi-totalité de ses disciples directs comme : Monsieur Nguyễn Đăng Hiển, maître Phan Dương Bình, Lê Sáng, Trần Huy Phong, Hà Trọng Thịnh, Phạm Hữu Độ, Lê Trọng Hiệp, etc.

 

D'après le récit de maître Lê Văn Phúc dans "Mémoire des jours de pratique avec le maître fondateur", revue spéciale du Vovinam-Viet Vo Dao, 1971, page 76 (Hồi ký những ngày theo học võ sư sáng tổ, đặc san Vovinam-Việt Võ Đạo, 1971, page 76). "… A l'époque où nous nous entraînions, nous étions autorisés à appeler maître Nguyễn Lộc, « Grand frère »…". 


Cette appellation est également relatée dans l'éloge funèbre de maître Nguyễn Lộc.


[36] : Vovinam-Viet Vo Dao a été interdit pour la première fois pendant quatre ans (1960-1964) sous le gouvernement Ngo Dinh Diem et la deuxième fois sous le régime communiste en 15 ans, de 1975 à 1990.


[37] : De 1938 à 1964, le titre de maître patriarche n'existait pas encore. Lorsque maître Nguyễn Lộc était encore en vie, il se présentait comme maître fondateur du Vovinam.


[38] : Le 4 avril de l'année du rat du calendrier lunaire.


[39] : Le cimetière de Mac Dinh Chi est situé au centre ville de Saigon, entre la rue Phan Thanh Gian aujourd'hui appelée Dien Bien Phu, et la rue Hien Vuong, actuellement appelée Vo Thi Sau.


[40] : Sous la domination française (1862-1945).

[41] : C'était un rêve "impossible", car à l'époque le Vietnam était encore en guerre civile (1954-1975), entre Nord et Sud.

[42] : Maître Khâu Thanh Danh, est l'un des disciples de maître Trần Huy Phong, il est actuellement domicilié à Saigon, Vietnam.

[43] : Le bateau Truong Xuan est le 1er bateau de réfugiés politiques (boat people). Il quitte le Vietnam lorsque l'armée communiste du Nord envahit Saigon le 30 avril 1975. Avec 4.000 personnes à bord, dont l'ensemble de la famille de maître Nguyễn Lộc : madame Nguyễn Lộc, maître Nguyễn Dần, M. Nguyễn Hải, maître Nguyễn Chính… soit une vingtaine de personnes. Maître Nguyễn Tiến Hội, fondateur du Vovinam-Viet Vo Dao en Allemagne est également présent sur ce bateau.

 

   

 


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